Recension d’ouvrage – Formation clinique des enseignants à la posture réflexive – Enjeux épistémologiques et dispositifs de recherche action formation

Formation clinique des enseignants à la posture réflexive – Enjeux épistémologiques et dispositifs de recherche action formation

Sous la direction de Christian Montandon, Collection Cognition& Formation L’Harmattan, Paris, 2015, 238 p

Recension : Christian Alin, Pr. des universités émérite en sciences de l’éducation, Lyon1

Les enseignants-chercheurs veulent être parfois des formateurs aussi (bien que la réciproque ne tienne pas). Ils veulent même être des praticiens. C’est louable. Est-ce jouable ? (C. Alin, Vagabondages, L’Hamattan, 2014, p 15).

L’ouvrage, Formation clinique des enseignants à la posture réflexive – Enjeux épistémologiques et dispositifs de recherche action formation qui vient d’être publié par les éditions L’Harmattan et sous la direction de Christiane Montandon, m’apparaît comme une contribution pragmatique, bienvenue et pertinente pour penser la formation initiale et continue des enseignants et rendre compte de la collaboration praticien-formateur-chercheur.

Contribution pragmatique — parce qu’il fait le pari qu’une écriture narrative et impliquée qui rend compte au plus prés du travail d’enseignants-chercheurs et/ou de formateurs auprès d’enseignants, qu’ils soient en formation initiale ou en formation continue, et aux prises avec l’urgence de leur pratique ordinaire, peut produire de la distance, du travail réflexif, des savoirs et de la connaissance scientifique.

Contribution bienvenue — parce qu’il met en évidence le travail fin et minutieux d’accompagnement et de médiation qui peut être accompli par les enseignants-chercheurs ou les formateurs pour encourager les étudiants ou les praticiens à s’autoriser et prendre confiance en leur capacité à produire des connaissances et des savoirs valides aussi bien pour quotidien de leur pratique que pour celui de la recherche en sciences humaines.

Contribution pertinente — parce qu’il a pour ambition de démontrer que les approches cliniques peuvent aider à poser un autre regard sur les concepts de réflexivité, de praticien réflexif qui sont aujourd’hui, il faut bien le constater, le plus souvent, pris dans les fourches caudines de l’approche positiviste proposée par K Popper, comme le souligne, à juste titre, Guy Berger dans le chapitre VII de l’ouvrage.

Pour Jacques Ardoino, (1989, De la clinique, Réseaux, n°55-57) qui vient de nous quitter en ce début d’année 2015, et qui a tant apporter sur l’explicitation et la compréhension de la dimension clinique, « est donc proprement clinique aujourd’hui, ce qui veut appréhender le sujet (individuel et/ou collectif) à travers un système de relations (constitué en dispositif, c’est-à-dire au sein duquel le praticien, ou le chercheur, comme leurs partenaires, se reconnaissent effectivement impliqués), qu’il s’agisse de viser l’évolution, le développement, la transformation d’un tel sujet ou la production de connaissances, en soi, comme pour lui ou pour nous », s’agissant « plutôt d’une sagacité (perspicacité) d’accompagnement dans une durée, d’intimité partagée ». C’est toute l’ambition de cet ouvrage pour mettre en œuvre la dynamique « recherche action-formation » et accompagner le développement professionnel des enseignants.

Un petit regret pour le lecteur–chercheur qui ne trouvera pas exposer de façon un peu plus approfondie les éléments théoriques et méthodologiques d’analyse des discours, qui ne sont présentés que par leur dictum et leur contenu propositionnel et qui auraient pu renforcer la démonstration des enjeux épistémologiques et éthiques mis en avant par les auteurs. Ecrire c’est choisir, s’adresser et donner à penser et c’est ce que font avec sincérité et pertinence tous ces auteurs qu’il faut remercier.